Café-Calva-Philo.

Aujourd'hui nous recevons le philosophe Pierre Arnaud de Chassy-Poulay.

Les prolégomènes.  
Qu'elle attitude prendre face aux prolégomènes ?

- Ayant été très surpris d'entendre notre voisine parler à ma femme des prolégomènes, j'ai eu la curiosité de lui demander ce qu'elle entendait par là. Elle me répondit d'abord qu'elle entendait mieux par ici que par là, et m'étant déplacé pour me mettre en face de son oreille préférée, je réitérais ma question.
Elle rougit puis me dit  : " Je ne sais pas vraiment, mais je trouve que c'est tellement enrichissant d'utiliser des mots qui ne sont pas ceux de tous les jours, et puis, utiliser des mots sans trop savoir ce qu'ils veulent dire ajoute du mystère à la vie banale d'une ménagère. Je pense toutefois -ajouta- t- elle -  qu'il s'agit d'une science liée à la propagande pour la consommation des légumes.

Je ne pouvais la laisser macérer dans le court-bouillon et je lui dévoilais qu'il s'agit en fait de longues introductions en tête d'un ouvrage, comme le dit Larousse - qui a l'habitude de dire n'importe quoi au sujet de tout - en quelque sorte des " bagatelles de la porte".
Elle sursauta alors, rougit et me dit : "je ne mange pas de ce pain-là ! ", avant de claquer avec rage, justement, la porte de son appartement.  Je frémis encore en pensant que sa mauvaise interprétation de ma remarque m'avait mis en danger de subir ses avances. Où les prolégomènes mènent-ils ?

Cette scène m'a amené à réfléchir plus avant sur la question et vous allez lire un peu plus loin, l'un des prolégomènes que je vous propose de déguster aujourd'hui. En effet, il faut remarquer que ce mot n'existe qu'au pluriel, personne n'a jamais songé à l'intérêt de réduire cet exercice à une seule intervention, ce qui se conçoit puisque ce terme décrit la logorrhée usuelle qui nourrit, le plus souvent, les introducteurs de conférenciers ou les préfaciers d'ouvrage de haut niveau et que se contenter d'un avant-propos court est au-delà de la capacité d'auto-restriction de nombre de nos présentateurs de séances savantes.

Le sport, en ce cas, s'oppose à la bienséance qui consisterait simplement à dire : " je laisse la parole à celui que vous attendez " et à tellement le couvrir de louanges parfois glissantes comme une peau de banane, qu'on en vient à admirer le degré de jalousie confraternelle qui a amené le présentateur à venir imposer son inutile et interminable introduction. Sans doute, le présentateur - prolégoménant - souhaite-t-il que le sommeil attaque au plus tôt l'auditoire et le décourage avant terme.

Nous sommes gros consommateurs de prolégomènes lors des séances de l' Académie Alphonse Allais et de l'Association des Amis du même, et en quelque sorte : Jules César de la littérature d'humour, nos commentaires dépassent ceux que ce dernier avait consacré à la guerre des Gaules. Que celui qui croit n'avoir jamais prêché lui pardonne !

Que devrais-je encore vous dire avant de commencer ? eh bien, ce ne sera pas pour aujourd'hui, car je m'aperçois que je viens de dépasser le nombre de lignes que m'avait accordées le metteur en page et que je dois, à votre grand regret (et je ne vous parle pas du mien !) remettre à une prochaine rubrique, ces avant-propos sur ces commentaires préliminaires qui avaient fait rêver ma voisine potagérophile.  Les "prolégomènes à rien", vient de me dire ma femme qui lit par-dessus mon épaule ces propos (de chambre !).

N.D.L.R.  Nous vous faisons grâce des deux pages suivantes que nous ferons parvenir, à leurs frais (augmentés des nôtres), à ceux qui en feront la demande.

 " Les prolégomènes à rien". Et de qui est la mise en texte  ? de Pierre Arnaud de Chassy-Poulay, bien sûr !


                                       
                         Le philosophe P.A. de C.P.  incognito (à droite )